
Avant de visiter les salles du musée Carnavalet, on s’arrêtera dans la cour ancienne de l’hôtel Carnavalet. C’est au milieu de cette cour, en effet, qu’a été remontée en 1890 la statue de Louis XIV, en bronze, dont Antoine Coysevox est l’auteur. Cette statue pédestre est l’une des rares effigies monumentales du Roi-Soleil qui aient échappé aux destructions révolutionnaires. Elle provient de l’Hôtel de Ville de Paris, où elle ornait, entourée d’une riche décoration, l’arcade du fond de la cour. On avait placé là en 1654 une première statue, en marbre, de Gilles Guérin, représentant Louis XIV victorieux de la Fronde. Invité à un festin offert le 30 janvier 1687 par la municipalité de Paris, le roi déclara que cette image « n’était plus de saison ». Le bureau de la Ville fit retirer la statue de Guérin, qui est aujourd’hui dans le domaine de Chantilly, et dont le musée Carnavalet possède une réduction en bronze ; il commanda aussitôt à Coysevox une nouvelle statue, d’esprit plus pacifique, qui fut inaugurée le 14 juillet 1689. Telle est l’origine de l’effigie ornant la cour de l’hôtel Carnavalet. Selon le compromis adopté par les artistes du temps, le roi porte la cuirasse et les jambières de l’ « imperator » romain. La statue est accompagnée de deux bas-reliefs allégoriques en bronze, également de Coysevox, qui ornent les faces de son piédestal : l’Ange de la France expulsant l’Hérésie, à droite ; Distribution d’aliments aux pauvres, à gauche.
Paris au XVIIe siècle, bulletin du musée Carnavalet, 1992, n°1 et 2, édité par la société des amis du musée.