Portrait de Juliette Récamier, née Bernard (1777-1849)
Gérard, François, baron, né en 1770 à Rome, décédé en 1837 à Paris
Icône, tout à la fois muse, commanditaire, modèle et collectionneuse, Juliette Récamier est une des femmes les plus représentées de son temps. Le couple qu’elle forme avec son époux, le banquier Jacques-Rose Récamier, s’installe dans le quartier de la Chaussée-d’Antin et fait le pari de la modernité pour l’aménagement de son hôtel particulier de la rue du Mont-Blanc, en convoquant les artistes les plus en vogue du moment. Elle y donne de nombreuses fêtes et tient un salon réputé qu’elle anime avec brio où se réunit tout ce que la capitale compte d’artistes et d’intellectuels. Juliette Récamier devient l’épicentre de la vie mondaine des premières décennies du 19e siècle.
Exigeante avec sa propre image, elle la contrôle et la multiplie à l’envi en sollicitant les maîtres les plus en vue pour sa représentation (David, Gérard, Chignard ou encore Canova). En 1801, elle commande ce portrait à François Gérard qui est très vite considéré comme l’un des chefs-d’œuvre du peintre. Il projette d’abord de la représenter nue en pied avant de privilégier cette composition plus sage. Il la montre sur un mode que les femmes les plus en vue de l’époque se disputent alors, en matière de portrait : assise sur un siège à l’antique, vêtue d’une robe blanche, à la mode du moment, dite « à la grecque » qui souligne le corps, et portant un châle de couleur vive. Dans son traitement, l’œuvre témoigne de la délicatesse des traits et du charme alors unanimement reconnus de Juliette Récamier.
Le portrait satisfait pleinement sa commanditaire qui va décider, avant même de le donner au Prince Auguste de Prusse en 1822, de le diffuser largement par le biais de la gravure. Elle portera d’ailleurs une grande attention à l’exécution du dessin préparatoire à la gravure comme l’atteste sa correspondance à ce sujet avec François Gérard.