
Des députations des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel devaient célébrer à la barre de l’Assemblée l’anniversaire du Serment du Jeu de Paume. Elles n’en étaient pas moins armées lorsqu’elles voulurent sur leur élan imposer à Louis XVI des décrets contre les camps des Fédérés et, qui plus est – point touchant le ressort même de sa conscience et ligne névralgique de partage de la France –, les prêtres insermentés. Tentative caractérisée d’assassinat, d’après Madame Campan. Le canon dans la salle des Gardes, les coups de hache à la porte de la salle de l’œil-de-Bœuf allaient être perçus en province comme un attentat contre le représentant héréditaire de la Nation, « L’envahissement de la souveraineté nationale par une secte qui voulait s’intituler le peuple », bref un crime de « lèse-Nation » (vr Tuetey, Sources manuscrites).
Louis fait ouvrir la porte, détourne les assaillants de leur objectif par des paroles de sang-froid et, après tout, en acceptant le bonnet rouge, fait le pas de bon cœur. Cependant où est Marie-Antoinette ? L’intrépide Madame Élisabeth, qui s’est fait passer pour elle, est sauvée par Marcilly. On laisse aller le Roi, escorté par le maréchal de Mouchy. À la hauteur des grandes circonstances, mais gouvernant au jour le jour, il s’en retourne à l’apathie fatale de son tempérament. Proclamation le 22, puis silence.
La Révolution française, Le Premier Empire, dessins du musée Carnavalet, édité par les amis du musée Carnavalet, 1988.