
Sur la colline de Chaillot, le palais du Trocadéro, du nom d’une victoire française en Espagne en 1826, est le signe du redressement de la France, après la guerre contre la Prusse et le soulèvement de la Commune, pour les 16 millions de visiteurs de l’exposition universelle entre mai et novembre 1878. La colline de Chaillot, faiblement urbanisée, avait été choisie par Napoléon pour y établir le Palais du roi de Rome, jamais terminé. Le Champs de Mars, site habituel des expositions de 1855 et de 1867, était trop exigu ; le vaste espace de Chaillot était libre de l’autre côté du pont d’Iéna, l’exposition pouvant ainsi se dérouler sur deux sites voisins. En 1876, après un concours, l’architecte Davioud (1824-1881) et l’ingénieur Bourdais (1835-1915) furent chargés de la construction du nouveau bâtiment sur la butte, qui abriterait les concerts, les conférences et les expositions patrimoniales
Architecte du Paris haussmannien, Davioud servit la IIIe République qui désirait faire mieux que le Second empire avec les expositions de 1855 et de 1867. C’était la possibilité d’accélérer les travaux d’urbanisme ininterrompus depuis le second Empire qui fournissaient du travail à une nombreuse main d’œuvre. Le chantier fut achevé en moins de deux ans, malgré les difficultés techniques dues au sous-sol mité par les carrières. Dominant le panorama parisien, orienté vers la Seine, l’édifice présentait une rotonde centrale flanquée de deux tours et de deux ailes curvilignes terminées par deux pavillons embrassant la totalité du site.
La maquette est d’une grande fidélité, bien qu’elle soit en liège, ce qui a l’inconvénient de supprimer la polychromie des décors. Elle parvient à rendre la nouveauté et l’étrangeté de l’ensemble : les jardins qui descendaient vers la Seine et les jeux d’eau ne sont qu’évoqués. Davioud s’était inspiré des tours de la Giralda de Séville et aussi de Florence. Les contemporains y trouvèrent aussi des influences orientales et byzantines. La rotonde centrale contenant une salle de concert qui offrait 4500 places, était la reprise d’un projet non abouti d’orphéon municipal sur la place du Château d’eau (place de la République). Un grand programme de sculptures se déployait dans tout l’édifice. Après l’exposition, le Trocadéro abrita dans ses ailes un musée de sculptures comparées installé par Viollet le Duc et un musée d’ethnographie.
Le Trocadéro fut détruit en 1935 pour faire place au Palais de Chaillot, construit sur une partie des fondations de celui-ci, pour l’exposition de 1937. Les sculptures furent dispersées et certaines des statues animalières, dont l’éléphant et le rhinocéros du jardin se retrouvent aujourd’hui sur le parvis du musée d’Orsay.