
Commencée en 1769, la construction de l’Académie royale de chirurgie fut confiée à un jeune architecte, Jacques Gondouin (1737-1828), établi à Paris depuis 1766, après avoir séjourné à Rome, en Hollande et en Angleterre, qui signait là sa première commande officielle. Dans un Paris encore imprégné des doctrines de Blondel, le bâtiment, appliquant avec aisance les nouvelles règles, élaborées à Rome dans l’effervescence de la redécouverte de l’architecture antique, parut d’une nouveauté saisissante.
Le goût pour le pittoresque, propre au XVIIIe siècle, s’exprima particulièrement, chez Hubert Robert, dans la représentation des ruines ; aux monuments de la Rome antique, largement exploités pendant les longs séjours en Italie du peintre, succédèrent les vues des monuments parisiens ruinés – le pont Notre-Dame et le pont au Change, ou plus tard la Bastille, par exemple ; parfois même, le peintre n’hésita pas à représenter les ruines imaginaires de bâtiments parfaitement conservés, telle la grande galerie du Louvre (Louvre, RF 1961-20) ou la chapelle de la Sorbonne (Carnavalet, P.171). C’est le même goût pour le monument dans un état transitoire qui transparaît dans la vue de l’École de chirurgie en construction, dont l’aspect « romain » ne pouvait qu’inciter Robert à se livrer à son penchant.
Paris de l’Antiquité à nos jours, dix ans d’acquisitions du musée Carnavalet, édité par les amis du musée Carnavalet, 1994.